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France Allemagne : regards croisés sur la transition numérique du secteur de l’électricité


Publié le 19 Décembre 2016



Cette année, le Baromètre GEM (Grenoble Ecole de Management) et son homologue outre-Rhin du ZEW ont demandé aux experts français et allemands leur opinion sur la numérisation des secteurs de l’électricité en France et en Allemagne. En France, l’enquête a été menée en mai-juin 2016 auprès de 97 participants. Retour sur leurs réponses, riches en enseignements.


La Porte de Brandebourg, Berlin – Crédit photo : Markus Spiskes en CC

Le Baromètre GEM du Marché de l’Energie est une enquête semestrielle auprès d’experts du marché de l’énergie opérant dans l’industrie, la science et l’administration publique en France. Ces experts sont invités à donner leur évaluation de court, moyen et long terme sur l’évolution des marchés nationaux et internationaux de l’énergie. Le Centre de recherche économique européenne ZEW, de son côté, réalise un baromètre similaire en parallèle pour l’Allemagne.

Une transition numérique utile mais jugée trop lente de part et d’autres

Selon les experts, les trois premiers domaines où la numérisation du secteur de l’électricité est susceptible de créer des gains d’efficacité en France sont : l’amélioration des prévisions pour la gestion de la charge sur le réseau, une plus grande souplesse de la demande du secteur de l’industrie et un meilleur « dispatching » de la production d’électricité. En revanche, plus de la moitié des experts français pensent que la vitesse de la transformation est trop lente. Même son de cloche outre-Rhin, où 50 % des experts partagent ce constat.

Un constat légèrement plus optimiste en Allemagne

58 % des experts français estiment que la France est proche de la moyenne des pays occidentaux au regard du niveau d’avancement de la transformation numérique du secteur de l’électricité. Les experts allemands sont plus positifs quant à l’avancement de la numérisation en Allemagne. La majorité des experts pensent que le niveau de numérisation y est plus élevé que la moyenne.

Les principaux freins à la numérisation

Les chercheurs du GEM ont demandé aux experts d’identifier les facteurs qui entravent la numérisation du secteur de l’électricité, et de préciser quel facteur ils considèrent comme le plus important. Les deux groupes d’experts français et allemand pensent unanimement que l’état de l’art de la technologie n’est pas un obstacle majeur.

Le rapport coût-bénéfice divise les experts, aussi bien allemands que français

Le rapport coût-bénéfice est jugé défavorable par 31 % des experts Français et 38 % des experts allemands : il constitue, pour eux, l’obstacle le plus important du processus de numérisation. Près d‘un quart des Français et un tiers des experts allemands pensent toutefois le contraire : le ratio coût-bénéfice ne constitue pas, selon eux, une barrière pour la numérisation dans le secteur de l’électricité.

« Cela donne à penser que les attentes des experts sur la technologie, ce qu’elle peut permettre de réaliser, et à quel prix, varie considérablement » concluent les auteurs du Baromètre.

La réglementation comme second frein en France contre la cybersécurité en Allemagne

Les experts français placent le cadre réglementaire au second rang des obstacles à la numérisation et la cybersécurité au 3e rang. Leurs collègues allemands placent la cybersécurité en deuxième position.

Numérisation vs cybersécurité

Doit-on mettre l’accent sur les aspects techniques et soutenir l’introduction des TIC dans le système électrique, ou doit-on avant tout s’assurer de préserver la cybersécurité ?

Environ 21 % des experts en France ont estimé que l’accent a plutôt été placé sur la numérisation. Une part à peu près égale à 23 % pense que la cybersécurité a été privilégiée. La plus grande part des répondants (39 %) pense, en revanche, que l’industrie de l’électricité a suivi une approche équilibrée entre les aspects techniques de la numérisation et la préservation de la cybersécurité.

En Allemagne, seuls 16 % des répondants estiment que la cybersécurité a été privilégiée. 27 % pensent que l’accent a été placé sur la numérisation et 26 % qu’une approche équilibrée est suivie.

Les avantages attendus de la transformation numérique

Experts français et allemands s’accordent sur les domaines dans lesquels la transition numérique produira le plus de gains d’efficacité : 21 % des Français et 20 % des experts allemands mentionnent des prévisions améliorées pour la gestion de la charge sur le réseau.

16 % des experts Français et 17 % des experts allemands citent ensuite une meilleure répartition de la production d’électricité. Enfin 11 % des experts français et 16 % des experts allemands pointent les procédures opérationnelles (telles que la facturation).

La numérisation devrait également améliorer la flexibilité de la demande, dans les entreprises. Ainsi, 18 % des experts français et 19 % des experts allemands anticipent une meilleure flexibilité dans l’industrie parmi les régions bénéficiant de la digitalisation.

Les avantages pour les consommateurs ne semblent pas aller de soi : moins de 10 % des experts Français et 11 % des experts allemands pensent que les ménages privés bénéficieront d’une meilleure flexibilité.

 

 

ITEMS International pour Think Smartgrids

 

Source : Baromètre du marché de l’énergie (GEM), été 2016