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Territoires urbains : 34 fois plus d'énergie consommée que produite


Publié le 15 Novembre 2019



Réalisé par France urbaine, Enedis et GRDF, le premier panorama énergétique des territoires urbains a été présenté le 18 septembre à l’occasion de la 19e Conférence des villes. Fondé sur l’analyse de 70 territoires métropolitains, il passe en revue la consommation et la production énergétique de ces territoires. Il met en relief la diversité des contextes énergétiques locaux et les fortes complémentarités potentielles.

22 métropoles, les 13 communautés urbaines de France métropolitaine et 35 des 223 communautés d’agglomération, représentant près de 30 millions d’habitants (46 % de la population française) ont ainsi été passés au crible.

Business district Chicago-crédit Alex Shutin en CC

Ce panorama énergétique couvre trois types d’énergie : l’électricité, le gaz et les réseaux de chaleur. Il en ressort un état des lieux d’une grande variété en matière de modes de consommation et de production d’énergie : modes de chauffage, consommation par logement et par secteur d’activité, type de production renouvelable, développement des mobilités bas carbone, etc. Il « souligne l’importante diversité des contextes énergétiques locaux et les fortes complémentarités potentielles ».

 

Les territoires urbains ont consommé 183 TWh d’électricité en 2017

  • Les 22 métropoles ont consommé 112 TWh d’électricité en 2017 soit 61 % de la consommation des territoires urbains.
  • Les 13 communautés urbaines ont consommé 25 TWh d’électricité soit 14 % de la consommation des territoires urbains.
  • Les 35 communautés d’agglomération, plus petites, ont consommé 45 TWh d’électricité soit un quart de la consommation des territoires urbains.

 

Les territoires urbains ont consommé 250 TWh de gaz en 2017

  • Sur le périmètre des 70 territoires urbains étudiés, 70 % des communes sont desservies par le réseau de gaz.
  • En 2017, un quart de la consommation totale de gaz des territoires urbains (45 TWh) est attribuée aux 35 communautés d’agglomération. Les 22 métropoles ont consommé 147,5 TWh de gaz soit 59 % de la consommation des territoires urbains.
  • Enfin, les 13 communautés urbaines ont consommé 42,5 TWh de gaz soit 17 % de la consommation des territoires urbains.

 

94 % des territoires urbains sont alimentés par au moins un réseau de chaleur ou de froid

En 2017, 751 réseaux de chaleur et de froid ont été recensés par le Commissariat général au développement durable, dans le cadre de la mise à disposition de données locales d’énergie qui est inscrite dans l’article 179 de la loi de transition énergétique pour une croissance verte (LTECV).

  • Parmi ces 751 réseaux, 298 réseaux de chaleur et 21 réseaux de froid se situent sur les 70 territoires urbains étudiés.
  • Les réseaux de froid se trouvent principalement dans les métropoles. Celles-ci ont toutes mis en place au moins un réseau de chaleur et en possèdent en moyenne entre 8 et 9 dans différents quartiers.
  • Les communautés urbaines et communautés d’agglomération sont elles aussi desservies, pour la plupart, par des réseaux de chaleur (en moyenne deux par territoire).

 

55 % de l’électricité produite issue d’énergies renouvelables

Au total, les territoires urbains ont produit 7,5 TWh d’électricité en 2017.

  • Avec une production de 4,1 TWh d’électricité renouvelable, les territoires urbains étudiés ont compté pour 4,6 % de la production d’électricité renouvelable en France en 2017.
  • L’électricité produite par ces territoires urbains correspond pour sa plus grande part à des installations de centrales gaz de cogénération électrique (46 %). On compte au total 382 centrales de ce type, d’une puissance moyenne de 1 MW.
  • Les bioénergies, avec 118 sites d’une puissance moyenne de 2 MW, représentent quant à elles un quart de la production. Pour ces territoires urbains, il s’agit principalement de la production d’électricité à partir de biomasse, de déchets (combustibles solides de récupération – CSR) et de biogaz.
  • Le solaire photovoltaïque est également largement présent sur ces territoires avec de nombreuses installations de panneaux solaires, en toiture pour la majorité et certaines au sol. Plus de 65 000 sites de petite taille sont recensés sur les territoires urbains avec une puissance moyenne de 1,4 kW.
  • La production d’électricité à partir d’installations éolienne et hydraulique représente respectivement 6 et 9 % de la production d’électricité renouvelable. Cette part est plus réduite, car leurs installations (éoliennes et barrages) nécessitent des espaces importants qui se trouvent principalement à l’écart des zones urbaines.

 

Tous les territoires urbains produisent de l’électricité, avec de fortes disparités selon leur taille

Les métropoles ont produit 4,3 TWh en 2017, soit 57 % de l’électricité produite sur l’ensemble des territoires urbains considérés.

  • Les trois métropoles les plus grandes de France, Paris, Lyon et Marseille, ont produit chacune plus de 500 GWh d’électricité en 2017.
  • Les autres métropoles ont produit chacune entre 12 et 205 GWh en 2017.
  • Dans les métropoles, plus de la moitié de la production d’électricité est issue des centrales de cogénération, et 21 % sont issues de bioénergies. Les 13 % de la production de source hydraulique sont concentrés dans 9 des 22 métropoles et particulièrement à Lyon qui représente 64 % de cette production. Enfin, l’énergie photovoltaïque représente 12 % de la production et l’éolien 1 %.
  • La production des communautés urbaines est à 44 % de la cogénération gaz, puis viennent les bioénergies avec 23 %, le solaire photovoltaïque avec 19 %, l’éolien avec 12 % et l’hydraulique avec seulement 3 %.
  • Les communautés d’agglomération, moins urbaines, ont une part plus importante de production d’électricité à partir d’éoliennes (13 %), tandis que les centrales de cogénération représentent moins d’un tiers de la production (31 %). Les bioénergies représentent quant à elles plus d’un tiers (34 %). Les énergies photovoltaïque et hydraulique représentent respectivement 16 % et 13 % de la production.

 

Les territoires urbains consomment en moyenne 34 fois plus qu’ils n’en produisent

  • Les territoires urbains ne produisent aujourd’hui pas suffisamment d’électricité (hors nucléaire) pour couvrir leur consommation annuelle. Aucun territoire n’atteint un taux de couverture de 100 % de ses besoins
  • Ils consomment en moyenne 34 fois plus d’électricité qu’ils n’en produisent et la moitié des territoires consomment au moins 25 fois plus d’électricité qu’ils n’en produisent.
  • Les trois métropoles où la production d’électricité est la plus grande, Paris, Marseille et Lyon, consomment aussi plus que les autres territoires et ont un taux de couverture énergétique dans la moyenne.

 

Les territoires urbains étudiés ont une capacité annuelle de production de 0,2 TWh/an de biométhane

Sur les 70 territoires urbains étudiés, 6 métropoles, 3 communautés urbaines et 2 communautés d’agglomération ont chacune un site de production de biométhane injectant sur le réseau, et une communauté d’agglomération regroupe deux sites d’injection de biométhane.

Ces 13 sites ont été mis en service entre 2011 et 2019.

Ils ont une capacité de production moyenne de 16 GWh/an chacun.

Sur l’ensemble du territoire français, les capacités d’injection de gaz renouvelable ont dépassé 1 TWh en 2018.

 

Les réseaux urbains des 70 territoires ont produit 25 TWh de chaleur et 1 TWh  de froid en 2017

En 2017, les 298 réseaux de chaleur représentaient une puissance installée de 17,7 GW et ont produit 24,5 TWh de chaleur.

  • Les 21 réseaux de froid cumulent quant à eux une puissance installée de 755 MW et ont produit 1,0 TWh de froid.
  • 35 territoires urbains possèdent des réseaux de chaleur alimentés principalement par des sources renouvelables pouvant être considérés comme « vertueux »
  • Dans les territoires urbains, 120 réseaux de chaleur fonctionnent en cogénération et injectent de l’électricité sur les réseaux

 

Chacun des territoires urbains étudiés dispose d’une flotte de véhicules électriques ou hybrides d’au moins 80 véhicules.

Les véhicules électriques, comme les points de recharge, sont particulièrement présents dans les zones urbaines denses : parmi les 16 territoires urbains dont la flotte est supérieure à 1 000 véhicules, 13 sont des métropoles.

 

Un réseau de recharge plus développé dans les zones urbaines denses

  • Le réseau de points de recharge accessibles au public est développé sur tous les territoires urbains avec au moins une dizaine de points de charge chacun.
  • Le réseau est particulièrement développé dans les zones urbaines denses : les sept territoires urbains comptant plus de 150 points de charge sont des métropoles.
  • Les métropoles comprennent aussi les plus grandes flottes de véhicules électriques et hybrides (en termes d’immatriculations).
  • La métropole de Paris se distingue avec plus de 6 550 points de charges accessibles au public et servant à recharger plus de 25 250 véhicules. Hors Paris, les métropoles comptent en moyenne 160 points de charge chacune (entre 18 et 651), et des flottes de 1 400 véhicules électriques (entre 280 et 4 000).
  • Environ 43 % des territoires urbains disposent au moins d’une station GNV (gaz naturel véhicule) publique, et 70 % des territoires urbains d’une station GNV privée.
  • Le réseau d’avitaillement gaz est dans l’ensemble moins présent en zones urbaines que le réseau de stations électriques : on compte au total environ 108 stations GNV ouvertes au public sur l’ensemble du territoire français, dont 56 sur les 70 territoires urbains étudiés. Le nombre de stations publiques devrait atteindre 250 en 2020.

 

Plusieurs focus complémentaires sont proposés tout au long du rapport sur la répartition des types de logements dans les territoires urbains, sur le biométhane et sur les mesures incitatives des villes françaises en faveur de la mobilité propre.

 

« Ce panorama », expliquent ses auteurs, « est le point de départ d’une série d’études qui permettra de suivre l’évolution des indicateurs clés, d’élargir le périmètre d’analyse et d’ouvrir ce partenariat à de nouveaux acteurs. Ainsi, une prochaine analyse pourrait par exemple s’élargir à l’empreinte carbone des territoires urbains liés aux usages énergétiques directs. Un éclairage utile pour quantifier la valorisation des énergies décarbonées et renouvelables : électricité, gaz vert et réseaux de chaleur renouvelable ».

 

Source : Panorama énergétique des territoires urbains

http://franceurbaine.org/publications/panorama-energetique-des-territoires-urbains