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Les concours d’innovation autour des Smart Grids et de la transition énergétique


Publié le 05 Janvier 2016



Le secteur de l’énergie, confronté a une double transition, numérique et écologique, s’ouvre à l’innovation ouverte et renoue avec la tradition des concours d’innovation dotés de récompenses. Souvent appelés challenges, ces concours à cahier des charges visent à trouver des solutions à des problèmes, à explorer de nouvelles pistes ou à faire émerger des concepts applicatifs innovants. Certaines de ces compétitions s’inspirent de la démarche des hackathons, ces réunions qui réunissent des développeurs qui rivalisent pour développer des logiciels.

Favorisant les rencontres entre développeurs et entre startups, donnant de la visibilité aux participants comme aux lauréats, les concours débouchent aussi sur des opportunités de collaboration entre grands groupes, PME et startups.

L’année 2015, dans un contexte de préparation de la COP21, a donné lieu à toute une série de concours autour des enjeux de la transition énergétique. En voici un aperçu.

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Hackathon Mozilla à Paris – Crédit photo : Flickr en CC

Le concours ERDF Réseaux Électriques Intelligents

En avril dernier, ERDF a lancé le concours « ERDF Réseaux Électriques Intelligents » pour faire émerger des solutions innovantes dédiées aux Smart Grids.

Près de 300 candidatures ont été reçues par les organisateurs autour de huit thèmes répartis dans chacune des huit directions inter-région d’ERDF : Île-de-France (big data et data analytics), Est (visite ponctuelle et surveillance des réseaux aériens), Ouest (transmission des savoirs et gestion de la connaissance), Rhône-Alpes-Bourgogne (détection et cartographie des réseaux souterrains), Auvergne-Centre-Limousin (excellence de la relation clients), Sud-ouest (technicien 3.0), Méditerranée (solutions d’intégration du véhicule électrique) et Manche-Mer-du-Nord (Observabilité et pilotage en continu du réseau électrique)

A la suite d’un long processus d’évaluation, 25 entretiens[1] ont été reçus pour concourir à la grande finale nationale.

Île-de-France : Big data pour la maintenance des réseaux

  • Dataiku[2]: Dataiku est un studio de Data Scientists. Dataiku dispose d’une plateforme intégrée de construction et de réalisation de projets Big Data qui a été éprouvée avec de nombreuses références.
  • DCBrain[3]: DCBrain édite et met en oeuvre deux solutions logicielles de gestion de datacenters intégrant leurs infrastructures environnantes (chauffage, climatisation, eau, …). La solution permet ainsi de prédire le fonctionnement du système énergétique global d’un site grâce à l’intégration de millions de données.
  • Monixo[4]: Monixo édite et met en oeuvre plateforme de maintenance prédictive pour actifs industriels. Dans la mise en oeuvre de sa plateforme, Monixo s’appui sur un nombre important de capteurs connectés, ou objets connecté, qui lui permettent de prédire le timing optimal des opérations de maintenance.
  • Predictive Layer[5]: Predictive Layer édite une plateforme prédictive combinant open data et big data. Cette plateforme se décline en trois produits permettant de délivrer différents types de prévisions adaptées à différents secteurs : finance, énergie, télécom, …

Est : Visite ponctuelle et surveillance des réseaux aériens

  • CM Drones[6] (ou photocopter): CM drones est une société spécialisée dans la formation et le pilotage de drones. CM drones dispose également d’une activité de recherche et développement qui travaille notamment sur l’identification de défauts sur les lignes électriques avec transmission d’images en temps réel.
  • Flod[7]: Flod est une société spécialisée dans le pilotage d’ULM. Flod mène également des travaux de recherche et développement visant à analyser les signatures acoustiques pour le diagnostic des lignes électriques depuis des ULM.
  • Sunbirds[8]: Sunbirds conçoit et commercialise un drone à énergie solaire de grande autonomie permettant de cartographier des centaines de kilomètres. Les images transmises en temps réel permettent de diagnostiquer à distance des événements physiques ayant eu lieu sur le territoire observé, et notamment les lignes électriques : sinistre, anomalies, fonctionnement, maintenance, …

Ouest : Transmission des savoirs et gestion de la connaissance

  • Apizee[9]: Apizee est une solution vidéo collaborative temps réel qui permet à un technicien en intervention de communiquer avec un expert via son smartphone, sa tablette ou des lunettes connectées. Cet outil spécialement conçu pour les interventions techniques permet aux opérateurs de bénéficier d’un support expert lorsqu’ils rencontrent une difficulté sur le terrain.
  • Talentroc Solutions[10]: Talentroc Solutions est une plateforme collaborative de mise en réseau des compétences des salariés. Elle consiste en une mind-map géante ou chaque collaborateur enregistre ses compétences par mots clés, et accède par la même occasion aux compétences des autres collaborateurs. Ce qui permet de facilement identifier les ressources compétentes sur un sujet au sein d’une structure.
  • PeoplBrain[11]: PeoplBrain est une plateforme collaborative qui permet à tout collaborateur de créer des tutoriaux pas à pas et de les partager au sein de son organisation. Un moteur de recherche permet par la suite d’avoir accès facilement à l’ensemble du savoir créé collectivement.

Rhône-Alpes-Bourgogne : détection et cartographie des réseaux souterrains

  • Eliot Initiative Solutions[12]: Eliot Initiative commercialise des marqueurs RFID à moindre cout pour localiser et identifier les ouvrages souterrains. La solution permet d’informatiser simplement les historiques d’installation d’équipements sous terrains ainsi que de les récupérer directement sur site au travers de tout type de matériaux (bétons, goudrons, pierres, …).
  • Level3D[13]: Level3D est une société spécialisée dans le scan 3D en temps réel. Elle développe également des applications de réalité augmentée appliquée à la recherche des défauts des câbles souterrains. Associée à des lunettes 3D, la solution permet de simplifier le travail des techniciens ainsi que de libérer leurs mains pendant leurs interventions.
  • Tellus Environnement[14]: Tellus Environment propose une solution de localisation 3D de câbles souterrains combinant données cartographiques HD et différents types de capteurs (magnétomètre, gradimètre, lidar, sonars et drones). La société propose ainsi de simplifier les interventions sur site des techniciens.

Auvergne-Centre-Limousin : Excellence de la relation clients

  • GeoKaps[15]: Geokaps commercialise une solution de visualisation en temps réel de l’activité sociale (tweets, photos, vidéos) par zone géographique précise. Cet outil permet ainsi d’interagir avec les usagers présents sur une zone à un instant t et en temps réel.
  • Yseop[16]: Yseop est un logiciel d’intelligence artificielle qui permet de communiquer manière automatique sur la base de réponses d’un questionnaire. Il peut être utilisé dans différents contexte : vente, service après vente, renouvellement de contrat, gestion de litige, etc.
  • Ubleam[17]: Ubleam est une société spécialisée dans la réalité augmentée depuis un téléphone mobile. Un logo 3D intelligent (type QR-Code) apposé sur les compteurs Linky pourrait par exemple apporter au consommateur des informations comme le détail de sa consommation d’électricité, un mode d’emploi, un accès à son espace client, …

Sud-ouest : Technicien 3.0

  • Exem[18]: Exem est une société spécialisée dans l’audit des rayonnements électromagnétiques sur un site donné. Exem a mis au point dans le cadre de sa politique de recherche et développement un détecteur compact de lignes électriques des réseaux souterrains.
  • Sirea[19]: Sirea est un constructeur intégrateur spécialisé dans la réalisation d’installations d’automatismes pour différentes industries : énergie, carrières, environnement, santé, … La société a récemment mis au point un outil d’aide aux interventions sur le réseau électrique. Ce dispositif intègre des fonctionnalités de réalité augmentée et permet de guider pas à pas les techniciens en reconnaissant les installations, en indiquant en temps réel les parties concernées par l’intervention, en fournissant les consignes et documentation adaptée sans occuper les mains, …
  • Skeyetech Vision Active[20]: Skeyetech a mis au point un instrument de contrôle des isolateurs des lignes haute tension fonctionnant avec une caméra vidéo. Jusqu’à aujourd’hui les techniciens utilisent des perches à miroir pour réaliser cette opération. L’utilisation de caméras vidéo dotées d’un zoom puissant pourrait permettre un certain nombre d’évolution comme l’absence d’utilisation de nacelles et, dans un second temps, l’utilisation de capteur infrarouges, électromagnétiques permettant de mesurer des informations non visibles à l’oeil nu.

Méditerranée : Solutions d’intégration du véhicule électrique

  • BlueNovia[21]: BlueNovia est une société spécialisée dans la mise en oeuvre et le conseil autour des flottes de véhicules électriques privées. La société a mis au point un outil d’optimisation pour l’utilisation des véhicules électriques au sein d’une flotte mixte électrique-thermique qui permet de minimiser le coût global de la flotte.
  • Benomad[22]: BeNomad est une société spécialisée dans la géolocalisation, le guidage et l’édition de logiciels de cartographie. La société propose au sein de sa gamme une plateforme spécialisée pour la mobilité électrique qui permet aux gestionnaires de flottes et aux usagers de bénéficier de fonctionnalités propre à la mobilité électrique (contrôle du niveau de charge d’un véhicule, réservation à distance, itinéraires intégrant les emplacements de bornes privés, …).
  • GridPocket[23]: GridPocket est une société spécialisée dans le traitement de données énergétiques. GridPocket a développé au sein de son offre une plateforme dédiée à la gestion de la charge des véhicules électriques prenant en compte les contraintes réseaux. Cette solution de Smart Charge permet un maintien efficace de la stabilité́ du réseau électrique grâce au contrôle des données énergétiques provenant des véhicules et opérateurs de recharge.

Manche-Mer-du-Nord : Observabilité et pilotage en continu du réseau électrique

  • Intesens[24]: Intesens propose une plateforme de télédiagnostic industriel s’appuyant sur des capteurs autonomes mesurant des actifs industriels et un réseau Internet des Objets. Lorsque la plateforme détecte une anomalie dans les mesures elle alerte automatiquement les opérateurs concernés et fourni des premiers éléments de diagnostique. Cette solution vise à permettre une maintenance à distance simplifiée ainsi que de maximiser les performances des interventions sur site.
  • WinMs[25]: WinMs propose une solution à̀ base de capteurs connectés permettant de surveiller en temps ré́el la santé́ des câbles d’un réseau électrique. Une fois installés sur l’infrastructure, les capteurs remontent en temps réel la localisation d’une défaillance de câblage. Ceci permettant une reconfiguration immédiate du réseau et ainsi accélérer sa maintenance.
  • XPDigit[26]: XPDigit commercialise une solutions de beacons (balises Bluetooth) destiné à de nombreux usage : visite interactive, marketing personnalisé, … La société commercialise également une solution de diffusion des indicateurs clés d’un actif industriel afin d’en optimiser les opérations de maintenance. D’un simple passage à proximité d’un dispositif, un opérateur peut ainsi récupérer l’ensemble des informations nécessaires à la maintenance via un simple Smartphone.

Le 26 novembre 2015, cinq entreprises[27] : Sirea, DC Brain, GeoKaps, Intesens et Exem, ont été récompensées lors d’une soirée organisée à l’Hôtel de Ville de Paris. La remise s’est déroulée en présence d’Axelle Lemaire, Secrétaire d’Etat au Numérique.

Les startups et PME récompensées vont désormais pouvoir développer leurs solutions ou tester leurs prototypes avec les équipes locales d’ERDF qui prévoient de déployer les solutions des lauréats sur des périmètres plus ou moins importants.

Le concours RTE Réseaux Electriques Intelligents

Le concours RTE : Réseaux Electriques Intelligents, organisé en partenariat avec l’interpole SmartGrids France et avec le soutien de l’Association Pacte PME, a été lancé début 2015.

Ouvert aux start-ups et PME, ce concours visait à faire émerger des solutions innovantes dans le domaine du monitoring des infrastructures de réseau de transport d’électricité.

Le concours portait sur deux catégories d’innovations : des projets présentant une solution à l’état de concept et des projets prêts à démontrer en conditions réelles, dont la solution est développée mais n’a pas encore été testée en situation sur un réseau de transport d’électricité en exploitation.

Les solutions ou les technologies innovantes présentées par les participants devaient s’insérer dans un ou plusieurs des domaines d’application suivants :

  • Acquérir des grandeurs et des phénomènes physiques du réseau électrique et de son environnement
  • Traiter des mesures et les transformer en données exploitables par les métiers (exploitation, maintenance et développement ingénierie)
  • Transmettre des données issues de capteurs installés sur les ouvrages du réseau de transport d’électricité (postes, lignes aériennes ou souterraines, …)
  • Adapter les composants du monitoring aux contraintes et à l’environnement du réseau électrique
  • Alimenter en énergie les capteurs et les autres composants de la chaîne de monitoring

Au total, 17 entreprises ont participé au concours et 4 lauréats ont été récompensés dans ce cadre le 16 décembre 2015 à Paris[28].

En voici la liste :

  • Hikob[29]: Hikob conçoit et met en oeuvre des réseaux, hardware et software, de capteurs autonomes. Les systèmes mis en place par Hikob comprennent : capteurs intégrés, noeuds d’acquisition, infrastructures de données, actionneurs et logiciels de supervision. Hikob a été primée pour son projet ASMARTe qui réalise du monitoring distant sur postes de transformation et sur l’infrastructure de transport électrique. Le projet s’intéresse particulièrement aux paramètres de déformation des pilonnes et de leurs supports ainsi qu’aux paramètres thermiques de l’environnement.
  • Visuel Concept[30]: Visual concept est une société d’ingénierie en informatique créé en 1994. Depuis 2004, la société a mis au point un système de mesure testant des appareils de coupure haute tension. Grâce à une liaison fibre optique, le système Smart Grid eXplorer (SGX) est insensible aux interférences électromagnétiques présentes sur les sites des réseaux haute tension.
  • Intesens[31]: Intesens, également primée au concours ERDF, propose une plateforme de télédiagnostic industriel s’appuyant sur des capteurs autonomes mesurant des actifs industriels et un réseau Internet des Objets. Lorsque la plateforme détecte une anomalie dans les mesures elle alerte automatiquement les opérateurs concernés et fourni des premiers éléments de diagnostique. Cette solution vise à permettre une maintenance à distance simplifiée ainsi que de maximiser les performances des interventions sur site.
  • Senseor[32]: Senseor est une société spécialisée dans les capteurs autonomes ne nécessitant pas d’alimentation. Ces capteurs sont parfaitement adaptés aux équipements des réseaux haute tension comme les transformateurs, les sectionneurs, etc… La société a été récompensée pour son projet Sommet qui traite spécifiquement de ce sujet.

Les lauréats bénéficieront de l’appui de RTE pour développer et expérimenter leurs technologies en conditions réelles sur le réseau électrique français ou en laboratoire.

 

Les Prix EDF Pulse

EDF a lancé en 2014 les Prix EDF Pulse[33]. Ces derniers apportent aux lauréats un appui concret et opérationnel grâce à une dotation financière de 100 000 euros et « un soutien d’EDF pour accroître leur visibilité et leur notoriété, facilitant ainsi le développement du projet vis-à-vis des investisseurs, clients et partenaires ».

Lors de son édition 2015, les Prix EDF Pulse ont fait appel à l’inventivité des start-up européennes dans trois catégories : Smart living et électricité, Electricité et stockage de l’énergie et Santé.

Six projets ont été retenus parmi 200 dossiers. C’est ensuite le grand public qui a sélectionné un lauréat dans chaque catégorie à l’issue d’un vote qui a mobilisé prés de 120 000 internautes.

Les lauréats des catégories Smart living et Electricité et stockage de l’énergie sont :

  • Energiestro : Energiestro développe depuis plusieurs années la technologie du volant de stockage d’énergie (VOSS), dans le but de réduire le coût du stockage trop élevé des batteries, et ainsi augmenter la pénétration des énergies renouvelables. Fabriqué en béton précontraint, un matériau peu onéreux mais performant, ce volant d’inertie se distingue des volants actuels qui utilisent des matériaux tels que l’acier ou le carbone. Les applications visées sont le stockage et le lissage des énergies renouvelables intermittentes, l’alimentation en électricité des sites isolés (relais de télécommunication GSM, habitation) ou encore l’électrification rurale des pays en développement. Energiestro figure parmi les lauréats du Concours Innovation 2030.
  • Enerbee : Fondée en 2014 à Grenoble, cette société a mis au point un micro générateur innovant – le seul au monde qui soit capable de récupérer l’énergie d’un objet en mouvement, même à faible vitesse et de manière irrégulière, afin d’assurer l’alimentation de ce dernier. Au printemps 2015, EnerBee a réussi l’exploit d’intégrer son micro-générateur d’énergie au sein d’un variateur de lumière. Les micro générateurs d’EnerBee récupèrent l’énergie du mouvement que celui-ci soit lent ou rapide, irrégulier ou régulier, rotationnel, en translation ou en accélération. Fabriqué en France et compétitif avec la pile ou la batterie, le générateur-pile d’EnerBee pourrait, à terme, remplacer piles et batteries dans les objets connectés, avec des champs d’application très vastes. Enerbee a remporté le prix « Smart living et électricité » pour son générateur d’énergie qui utilise le mouvement des objets pour produire puis stocker l’énergie qui les alimente. Enerbee figure parmi les lauréats du Concours Innovation 2030. Voir plus bas.

L’édition 2016 récompensera des start-up européennes qui développent un projet dans l’une des trois catégories suivantes : Habitat connecté, E-santé et Ville bas carbone. 300 start-up sont d’ores et déjà en en lice. On sait déjà que 78 projets portent sur l’Habitat connecté et 122 sur la Ville Bas Carbone (dont 12 autour des réseaux intelligents)[34]. Parmi les 300 startups, 213 sont basées en France, 32 au Royaume-Uni et 19 en Italie.

 

Le concours mondial de l’innovation : Innovation 2030

La Commission Innovation 2030, mis en place par le gouvernement et présidée par Anne Lauvergeon, avait lancé en décembre 2013 un concours destiné à soutenir financièrement des projets innovants autour de sept priorités durables, dont le stockage de l’énergie.

La Commission Innovation 2030 a imaginé un concours découpé en trois phases :

  • Une première phase d’amorçage destinée à sélectionner une centaine de projets au stade amont de leur développement et dotés chacun d’une enveloppe de 200 000 $
  • Une Phase 2 (en cours) destinée à accompagner les projets les plus prometteurs dans la phase de levée des risques avec des travaux de développement de plus grande ampleur, le soutien financier public de 1 à 3 M€ par projet sous formes de subventions et d’avances remboursables
  • Une Phase 3 destinée à soutenir une ultime sélection de projet dans leur phase d’industrialisation et de mise sur le marché à grande échelle, parmi les projets accompagnés en phase 2, le soutien public potentiel pouvant être à nouveau multiplié par 10 par rapport à la phase précédente, soit 20 millions d’euros

À l’issue d’une procédure de sélection se basant sur des dossiers de candidature « rapide et simple » (i.e. un dossier de dix pages maximum, un examen par des experts et une audition), la Commission Innovation 2030 a retenu en 2014 14 projets dans le domaine du stockage d’énergie[35].

Projet SETS (Campa)[36]

La société Campa, filiale du groupe Muller, est spécialisée dans la conception et le développement de radiateurs électriques et développe le SETS (Stockeur Electrothermique Saisonnier) : une solution de stockage décentralisée grâce à une capacité accumulation de chaleur de plusieurs heures. Ce potentiel de stockage tient à un système compact constitué de mousse d’aluminium aux qualités thermiques particulières et de matériaux à changement de phase 100 % naturel.

EnerBee[37]

Fondée en 2014 à Grenoble, cette société a mis au point un microgénérateur innovant – le seul au monde qui soit capable de récupérer l’énergie d’un objet en mouvement, même à faible vitesse et de manière irrégulière, afin d’assurer l’alimentation de ce dernier. Au printemps 2015, EnerBee a réussi l’exploit d’intégrer son micro-générateur d’énergie au sein d’un variateur de lumière. Les microgénérateurs d’EnerBee récupèrent l’énergie du mouvement que celui-ci soit lent ou rapide, irrégulier ou régulier, rotationnel, en translation ou en accélération. Fabriqué en France et compétitif avec la pile ou la batterie, le générateur-pile d’EnerBee pourrait, à terme, remplacer piles et batteries dans les objets connectés, avec des champs d’application très vastes.

Energiestro[38]

Energiestro développe depuis plusieurs années la technologie du volant de stockage d’énergie (VOSS), dans le but de réduire le coût du stockage trop élevé des batteries, et ainsi augmenter la pénétration des énergies renouvelables. Fabriqué en béton précontraint, un matériau peu onéreux mais performant, ce volant d’inertie se distingue des volants actuels qui utilisent des matériaux tels que l’acier ou le carbone. Les applications visées sont le stockage et le lissage des énergies renouvelables intermittentes, l’alimentation en électricité des sites isolés (relais de télécommunication GSM, habitation) ou encore l’électrification rurale des pays en développement.

Ergosup[39]

Cette start-up implantée dans la Drome a développé une technologie de production l’hydrogène sous haute pression destinée tout particulièrement aux applications de la mobilité « zéro émission ». Son procédé Zhyncelec met en oeuvre de l’électrochimie du zinc pour réaliser une électrolyse de l’eau dans des conditions compétitives et sécurisées. Les marchés ciblés sont l’usage de l’hydrogène pour la mobilité décarbonée et pour le stockage d’énergie. Ergosup a intégré le programme d’accélération FFWD Normandie (Fast Forward Normandie). Elle vient de procéder à une augmentation de d’un montant de 2,3 M€ auprès des fonds ALIAD (Air Liquide Venture Capital), Demeter 3 Amorçage, GO CAPITAL et Arkéa Capital Investissement.

Eco-Tech Céram (ETC)[40]

La société Eco-Tech Céram est issue du laboratoire PROMES (CNRS et Université de Perpignan) qui développe depuis 6 ans une démarche qui consiste à utiliser des déchets industriels pour fabriquer des matériaux de stockage. Ces travaux, financés par l’Agence Nationale de la Recherche, permettent ainsi de valoriser des déchets amiantés, des laitiers sidérurgiques, des cendres volantes et autres mâchefers. L’usage de ces céramiques recyclées comme matériau de stockage permet de se rembourser rapidement de l’énergie nécessaire pour traiter le déchet. ETC a développé, sur cette base, Éco-Stock, une solution de stockage de chaleur sensible (200-1 000 °C) conçue pour valoriser l’énergie, qu’elle soit disponible sous forme de chaleur (fatale ou intermittente) ou d’électricité (excédentaire ou déphasée). ETC vise quatre marchés combinant les conversions chaleur/électricité : (chaleur/chaleur, chaleur/électricité, électricité/électricité, électricité/chaleur). ETC travaille également avec l’École des Mines de Douai, le groupe ADF et des membres du Club ADEME International ».

I-Ten[41]

Cette jeune entreprise innovante lyonnaise développe depuis 4 ans, en collaboration avec l’ENS Lyon et le Laboratoire Interdisciplinaire Carnot de Bourgogne, une technologie de rupture dans la fabrication d’une nouvelle génération de micro batteries en couches minces désormais validée à l’échelle du laboratoire et protégée par 8 familles de brevets. Ces micro batteries, extrêmement compactes, « permettant de stocker dans le même espace 10 fois plus d’énergie que les technologies concurrentes », ouvrant ainsi un champ à de nouvelles utilisations, notamment dans le domaine de l’internet des objets en assurant l’autonomie énergétique des petits dispositifs connectés qui connaissent un développement important dans les usages quotidiens. Les sociétés de capital-investissement Innovacom, Demeter, Rhône Alpes Création et R2V viennent d’investir 3,2 millions d’euros dans I-Ten.

Stolect[42]

Le projet Stolect capitalise sur 5 années de R&D pour démontrer expérimentalement la faisabilité d’une technologie de stockage massif de l’électricité basée sur la conversion thermique. Le principe du procédé repose sur un cycle thermodynamique qui emmagasine l’énergie électrique sous forme de chaleur sensible dans des matériaux réfractaires portés à haute température, puis qui la restitue lorsqu’un besoin de production électrique apparaît. Cette technologie permettra de stocker massivement les énergies renouvelables sur une large gamme de puissance et cela sans contrainte de localisation géographique ni d’impact sur l’environnement. La démonstration du système complet sera réalisée prochainement à partir d’un pilote de 1 MW et 5 MWh implanté sur un site portuaire et industriel en Bretagne Sud. Stolect lance, par ailleurs, une levée de fonds de 3 M€ en plusieurs étapes de façon à accélérer son déploiement.

Mahytec[43]

Cette société créée en 2008, implantée à Dole, propose à la fois des systèmes de stockage d’hydrogène comprimé composés d’un liner polymère et d’un renfort en matériaux composites, capables de résister à la haute pression mais aussi des systèmes de stockage solide. Cette deuxième technologie repose sur un phénomène d’absorption de l’hydrogène dans un matériau, appelé hydrure et permet un stockage à basse pression. Elle travaille à la mise au point du projet RHYMOVE tire des avantages des deux technologies de stockage et d’en diminuer les inconvénients. Elle proposera prochainement un prototype du premier réservoir hydrogène hybride.

Nanomakers[44]

La société Nanomakers, issue du CEA, conçoit et fabrique industriellement une gamme de nano-poudres permettant d’améliorer drastiquement les propriétés mécaniques, thermiques et chimiques des matériaux et utilisées dans des secteurs de haute technologie comme les batteries, l’aéronautique et le spatial, l’automobile ou encore la micro-électronique. Le projet BAL2IO vise la mise au point de batteries Li-ion hautes performances destinées aux voitures électriques et hybrides, ou encore aux ordinateurs portables, tablettes et téléphones mobiles.

NAWATechnologies[45]

Cette start-up issue du CEA, crée en 2013 et située à Aix en Provence, développe, fabrique et commercialise des dispositifs de stockage d’électricité sous forme de super condensateurs mille fois plus rapides que les batteries au Plomb et pouvant supporter à des centaines de milliers de cycles de charge/décharge, plus surs et plus respectueux de l’environnement. Le projet NAWAShell s’inspire du frelon capable de stocker de l’énergie dans sa carapace, pour réaliser des dispositifs de stockage intégrés à des éléments de structures de véhicules ou de systèmes énergétiques. NAWATechnologies est hébergée au centre Georges Charpak de l’école des Mines de Saint- Etienne.

Nexdot[46]

La startup Nexdot, spin off de l’ESPCI (École supérieure de physique et de chimie industrielles) développe des applications autour d’une nouvelle génération de nanocristaux semi-conducteurs : les Quantum Dots (QD), appelés aussi « QD » ou « boîtes quantiques ». Les applications des QD ne sont pas toutes explorées à ce jour », Jacques Lewiner, un des fondateurs de NexdotLes QD pourraient servir à convertir en électricité les rayons du soleil, comme une cellule photovoltaïque. Des feuillets de QD, enfermés dans un dispositif électronique, pourraient créer une nouvelle famille de condensateurs pour stocker l’énergie, à l’instar de batteries. Le projet Nexcap vise la conception d’une nouvelle génération de batteries à cycle de charge/décharge extrêmement rapide.

Idex Energies[47]

Première ETI indépendante française des services énergétiques, Idex fut pionnière dans la méthanisation des déchets ménagers puis à l’origine, en 1991, du premier parc éolien français à Port-la-Nouvelle. Son projet de R&D, présenté en partenariat avec le CEA-Liten et baptisé SETI (Stockage d’Energie Thermique Intelligent) vise la mise au point d’un système de stockage de la chaleur capable d’utiliser toutes les énergies renouvelables (solaire, éolien, récupération de chaleur des eaux usées, etc.), destiné à alimenter les réseaux de chaleur urbains. Un matériau à changement de phase, avec une densité énergétique élevée (100 kWh/m3), un système de mesure de l’état de charge embarqué et connecté et un couplage à l’énergie électrique. Le projet SETI se positionne comme le maillon manquant entre les futurs réseaux de plus en plus décentralisés et le développement des énergies renouvelables.

Whylot[48]

Spécialisée dans le développement et la commercialisation de systèmes magnétiques innovants, Whylot, créée en 2011 travaille à la mise au point d’un un volant inertiel capable de stocker et de restituer l’énergie en limitant les pertes énergétiques. Cette technologie baptisée, VSA, combine le stockage de l’énergie électrique sous forme mécanique grâce à un moteur électrique, un générateur d’énergie électrique en transformant l’énergie mécanique stockée et un frein à l’auto consommation excessive grâce à la diminution des frottements avec un moteur qui fait léviter le rotor.

Cinq projets ont été retenus à l’issue de la Phase 2, portés par les sociétés EnerBee, Nanomakers, Eco-Tech Céram, I-ten et Ergosup[49].

Le gouvernement a lancé un nouveau concours en septembre 2015, toujours financé par le programme des investissements d’avenir[50].

 

Le Prix Cleantech Republic 2015

« Les solutions existent » : c’est le message que porte Cleantech Republic depuis 7 ans au travers du Prix de la Jeune Entreprise Eco-Innovante. Ce prix est organisé en partenariat avec EDF, KIC InnoEnergy, Bpifrance, La Tribune et la Galerie COP21.

Pour l’édition 2015, le jury avait sélectionné 37 dossiers. Le 9 décembre dans le cadre de La Galerie COP21 au Bourget, le jury a récompensé trois entreprises : Karos (Grand Prix), Deepki (Prix du Jury) et Naïo Technologies (Prix de la Rédaction).

  • Karos: Karos fondée en 2014, propose une solution de covoiturage adaptée aux trajets domicile-travail. Commercialisée auprès de grands groupes pour répondre aux besoins de mobilité de leurs salariés, l’application mobile Karos réside sur un moteur d’intelligence artificiel. Il permet de générer automatiquement les trajets de covoiturage.
  • Deepki : Deepki met depuis un an à disposition de ses clients professionnels (commerces, banques, …) un logiciel capable de détecter les meilleures économies d’énergie dans leur parc de bâtiments (de quelques dizaines à plusieurs milliers). La solution ne repose pas sur l’utilisation de capteurs, mais plutôt sur l’analyse de données statistiques existantes (factures, …).
  • Naïo Technologies: Naïo Technologies créé en novembre 2011, conçoit et commercialise des robots autonomes de désherbage. Alternative aux produits chimiques, cette solution est pour l’instant principalement utilisée par des maraîchers. Dans les prochaines années, l’entreprise prévoit la commercialisation de nouveaux robots pour la vigne et les grandes cultures légumières.

 

ITEMS International pour Think Smartgrids

De l’autre côté de l’Atlantique : les Challenges du Département américain de l’énergie

Dans le plan gouvernemental américain pour l’innovation : A Strategy for American Innovation, qui a été rendu public en 2009, le Président Obama appelait les administrations fédérales à encourager l’innovation en lançant des concours dotés de prix. Cette dynamique s’est traduite par plus de 50 millions investis dans des projets en lien avec l’énergie.

En septembre 2010, le gouvernement fédéral ouvrait à cet effet une plateforme collaborative, Challenge.gov, qui permet aux ministères (« départements ») et aux agences fédérales d’organiser des concours et « défis » (challenges) dotés de prix (Prizes). Le Congrès, de son côté, avait adopté une série de dispositions législatives pour alléger les procédures de marchés publics en matière de concours. Depuis septembre 2010, 58 ministres et agences fédérales ont organisé plus de 300 concours et défis sur la plateforme Challenge.gov[51].

Parmi ces ministres et agences fédérales, le Département de l’Énergie figure parmi les plus actifs. En 2015, il a organisé à lui seul 10 défis.

Le Wave Energy Prize (dote de 2,2 millions de $), par exemple, visait à réaliser des ruptures dans le domaine des convertisseurs d’énergie houlomotrice. La H2 Refuel H-Prize Competition (doté d’un million $) était orienté vers la conception de systèmes abordables pour les petits ravitaillements en hydrogène. Le Department of Energy Challenge Home, pour sa part, portait sur « les maisons de haute performance susceptibles d’être mises en œuvre par l’industrie de la construction ».

Il avait organisé en 2012 le concours Apps for Energy. Il proposait 100 000 $ de prix pour des applications qui permettent aux consommateurs de mieux appréhender et maîtriser leur consommation électrique »[52]. Il avait publié, à cette occasion, de très nombreux jeux de données dans des formats réutilisables.

[1] http://www.erdf.fr/finale-du-concours-erdf-rei-les-dossiers-retenus/
[2] https://www.dataiku.com/
[3] http://www.dcbrain.com/
[4] http://www.monixo.com/
[5] http://www.predictivelayer.com/
[6] http://www.photocoptere.fr/
[7] http://www.flod.aero/
[8] http://www.sunbirds-uas.com/fr/index.html/
[9] https://apizee.com/
[10] http://www.talentroc-solutions.com/
[11] https://fr.peoplbrain.com/
[12] http://eliot-solutions.com/fr/eliot-solutions/
[13] http://www.levels3d.com/
[14] http://www.tellus-environment.com/fr/
[15] http://www.geokaps.com/
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