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Electromobilité et réseaux : entretien avec Marc Petit (Centrale Supelec)


Publié le 14 Octobre 2020



Marc Petit, professeur à Centrale Supélec et membre du Conseil scientifique de Think Smartgrids, a dirigé le rapport du GSEF « Electromobility in smart grids: state of the art and challenging issues ». Il revient sur les enjeux de l’électromobilité en France et dans le monde.

 

 

Où en est la France aujourd’hui sur ces questions d’électromobilité et de leur intégration aux réseaux ? 

Aujourd’hui, l’intégration active des véhicules électriques dans les réseaux électriques (notamment à travers l’utilisation de leurs batteries) n’est plus seulement un sujet de laboratoire ou d’expérimentation : il s’agit de technologies qui se développent rapidement. La France contribue à cette évolution, avec des acteurs des réseaux électriques et de la mobilité présents en France et à l’étranger. On peut citer PSA, Renault, Bouygues Energies & Services, Siemens ou encore EDF, Engie ; mais aussi des collaborations avec Enedis comme dans le cadre du projet aVEnir. La CRE s’intéresse aussi au sujet : elle a publié en 2018 un rapport qui donne des directives pour l’intégration de la mobilité électrique, dont certaines pour faciliter le raccordement de bornes bidirectionnelles qui permettraient d’injecter de la puissance depuis les véhicules électriques vers le réseau. Ainsi, on voit que le secteur français est dynamique sur ces sujets, qui ne rassemblent plus seulement des laboratoires académiques et des startups mais aussi des grands acteurs de la filière.

Qu’en est-il de la situation dans d’autres pays ? 

Certains pays sont actuellement dans des phases plus avancées. C’est le cas des Etats-Unis qui font beaucoup d’expérimentations, avec différents types de flottes comme les bus électriques. On peut citer l’entreprise NUVVE, spécialisé dans le vehicle-to-grid (V2G), qui aujourd’hui effectue des projets en Europe, notamment à travers la création de DREEV avec EDF.

Quels sont les défis pour les acteurs de la filière française ? 

On peut en considérer trois. D’abord, le problème de la normalisation. Ensuite, il faut encore définir une réglementation adaptée pour permettre d’injecter de la puissance dans le réseau depuis les véhicules électriques. Enfin, reste la problématique de trouver un bon business model, qui permette de rentabiliser les coûts d’équipements ou d’infrastructures : il faut que l’organisation des marchés et des services aux réseaux soient compatibles avec les équipements et véhicules V2G. Plus globalement, cela touche à la valorisation des flexibilités dans les systèmes électriques. Ce sont des enjeux sur lesquels les acteurs de la filière doivent travailler.

 

Revoir le webinaire GSEF lors duquel Marc PETIT a présenté son rapport : https://youtu.be/LDDqKWCHNOs