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Smart grids : quel bilan 2022 en France et dans le monde ?


Publié le 31 Janvier 2023



Pour la première fois, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) annonce un pic des émissions carbone du secteur de l’énergie pour 2025, et un autre dans la consommation d’énergies fossiles à horizon 2030 dans le monde.  La crise mondiale de l’énergie due à la guerre en Ukraine « ne va pas ralentir la transition énergétique ».  Selon l’AIE, « l’investissement mondial dans les réseaux électriques doit s’élever en moyenne à environ 600 milliards de dollars par an jusqu’en 2030 pour atteindre la trajectoire du scénario net zéro ». C’est presque le double des niveaux d’investissement actuels. Think Smartgrids dresse un bilan des faits marquants pour le secteur des smart grids en 2022, en France, en Europe et dans le monde.

Réseau électrique
Réseau électrique

Monde

Troisième rapport du GIEC sur les « mesures d’atténuation » : les énergies renouvelables et réseaux intelligents sont des leviers importants

Après un premier rapport qui mettait en lumière l’accélération du réchauffement et un second qui recensait les impacts souvent irréversibles du changement climatique sur la population et les écosystèmes, le troisième rapport du GIEC détaille l’éventail des solutions pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Dans les scénarios d’atténuation, les experts du GIEC mettent en avant l’électrification, l’efficacité énergétique et l’accroissement des énergies renouvelables. « Parmi les autres changements rapides nécessaires en zone urbaine figurent la démotorisation et la décarbonation des transports, incluant la multiplication des véhicules électriques et l’expansion des appareils à haut rendement énergétique ». « Un large éventail d’options, telles que l’intégration des systèmes, le couplage des secteurs, le stockage de l’énergie, les réseaux intelligents, la gestion de la demande (…) sera finalement nécessaire pour intégrer une part importante d’énergies renouvelables dans les systèmes énergétiques ».

L’électrification des usages et la digitalisation des réseaux au cœur des scénarios de l’AIE

Selon le World Energy Outlook 2022 de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), une nouvelle économie de l’énergie est en train d’émerger. Mais pas assez vite pour atteindre la neutralité carbone en 2050. Ce rapport présente et évalue trois scénarios de prospective jusqu’en 2050. La flexibilité du système électrique est qualifiée de « pierre angulaire » de la sécurisation des futurs approvisionnements en électricité, alors que les réseaux électriques supporteront l’essentiel de la transition énergétique. L’AIE appelle à engager des planifications à long terme du développement des réseaux électriques qui tiennent compte de la croissance de la demande en électricité, de l’expansion des énergies renouvelables variables, ainsi que des possibilités de numérisation.

Etats-Unis

Le Département Américain de l’Energie veut investir 10.5 Mds$ dans les Smart grids pour renforcer son réseau

Le Ministère américain de l’Energie   a annoncé en septembre un programme de 10.5 milliards de dollars visant à moderniser le réseau électrique vieillissant du pays. Ce financement fait partie de l’initiative « Builiding a Better Grid » lancé en début d’année, qui vise à moderniser le réseau pour préparer un avenir où l’électricité sera totalement décarbonée. Il constitue l’investissement le plus important dans le réseau depuis l’American Recovery and Reinvestment Act de 2009, qui avait donné le coup d’envoi au déploiement des compteurs intelligents et des smart grids. Les 3 milliards de dollars investis dans les smart grids auront pour but premier d’accroître la flexibilité, l’efficacité, la résilience et la stabilité du système électrique tout en intégrant plus massivement au réseau les énergies renouvelables. L’enjeu sera aussi de permettre le développement des véhicules électriques, des bâtiments intelligents et autres nouveaux usages en périphérie du réseau.

Europe

La Commission européenne révèle un plan d’action pour numériser le secteur de l’énergie

Le plan d’action rendu public le 18 octobre estime à 584 milliards d’euros les investissements qu’il conviendra de réaliser dans le réseau électrique en Europe entre 2020 et 2030, en particulier dans le réseau de distribution : « une part importante de ces investissements devra être consacrée à la transition numérique ». La Commission européenne annonce qu’elle aidera les gestionnaires de réseau de transport (GRT) et de distribution (GRD) de l’UE à créer un « jumeau numérique » du réseau électrique européen, c’est-à-dire un modèle virtuel sophistiqué de ce réseau. Elle s’efforcera d’utiliser au mieux les outils numériques pour soutenir les communautés énergétiques et les systèmes de consommation locale d’électricité produite localement.

La Commission entend aussi inclure dans le programme de travail d’Horizon Europe pour 2023-2024 une initiative phare visant à soutenir la numérisation du système énergétique. « Dans la mesure du possible, la Commission encouragera/soutiendra l’utilisation de l’open source afin de garantir l’accessibilité et l’adoption du marché ».

Les infrastructures électriques en Ukraine, cibles des forces armées russes

La prise de contrôle par l’armée russe des centrales nucléaires ukrainiennes, la connexion du réseau ukrainien au réseau européen, les affrontements autour de la centrale de Zapporijia les bombardements des infrastructures électriques en Ukraine, sur fond de chantage au gaz et de sanctions, nous rappellent que les guerres ont une dimension énergétique. Le principal défi reste celui de l’approvisionnement en « équipements et pièces de rechange. Avant la guerre, 70 % de l’énergie de l’Ukraine provenait du nucléaire, 10 % des énergies renouvelables et le reste d’autres sources. Le gouvernement ukrainien a souligné depuis l’invasion qu’il prévoyait d’étendre sa base d’énergies renouvelables, avec un objectif national de 30 GW pour 2030 et l’ambition de devenir un exportateur d’hydrogène vert vers l’UE. Se projetant dans l’avenir, le président Zelensky a déclaré que l’Ukraine ne remplacerait pas les infrastructures héritées de l’ère soviétique. « Nous passerons plutôt aux dernières technologies. Nous profiterons du fait que ce que les Russes ont détruit peut facilement être remplacé par les infrastructures vertes et numériques les plus récentes et les plus modernes ».

RepowerEU : un plan pour réduire la dépendance aux énergies fossiles russes et accélérer la transition écologique

Garantir à la fois son indépendance énergétique et sa neutralité climatique : telle est l’ambition du plan REPowerEU. Présenté par la Commission européenne le 18 mai 2022, le plan repose sur trois axes : développer un système énergétique intégré fondé sur les énergies renouvelables, renforcer les mesures d’efficacité énergétique en relevant l’objectif du dispositif « Paré pour 55 » (Fit for 55) et diversifier les sources d’approvisionnement en gaz grâce à une augmentation des importations de gaz naturel liquéfié (GNL) et des importations par gazoduc provenant de fournisseurs non russes.

Le plan REPowerEU propose en particulier de faire passer l’objectif climatique pour les énergies renouvelables de 40% à 45% d’ici à 2030.

France

Enedis prévoit d’investir 5,5 milliards d’euros par an sur la période 2022-2040.

Dans un entretien accordé à la Gazette des Communes, Marianne Laigneau, présidente du directoire d’Enedis, fait le point sur la signature des contrats de concession de distribution de l’électricité avec les collectivités. Enedis a déjà signé pour 95 % de volume d’affaires contractuel avec une durée moyenne de contrat de trente ans.

« Il nous faut planifier nos investissements à très long terme, et nous avons en effet décidé de les porter à 96 milliards d’euros sur la période 2022-2040. Ce qui représentera 5,5 milliards d’euros par an, alors qu’en 2022, ce montant sera de 4,4 milliards (en comprenant la fin du programme Linky, qui compte pour 400 millions). Nous devons massivement investir sur le réseau, long de 1,4 million de kilomètres, pour le préparer à la transition énergétique et améliorer sa résilience ».

S’agissant du rythme de raccordement des EnR, Marianne Laigneau rappelle qu’il existe 570 000 sites de production d’EnR répartis sur tout le territoire, qui sont à 95 % rattachés au réseau opéré par Enedis. En 2022, on devrait atteindre 70 000 à 80 000 raccordements. À cela s’ajoutent ceux des installations des habitations individuelles et des bornes de recharge.

Étude Think Smartgrids-EY Parthenon :  perspectives prometteuses du marché français des Smart grids 

Avec une augmentation de 20% par an en moyenne sur la période, l’étude estime que le marché des smart grids en France   atteindra 6 Md€ en 2030 et représentera 60 000 emplois à cet horizon.

Pour cette étude, le marché des smart grids a été segmenté en quatre grands domaines couvrant l’ensemble de la chaîne de valeur du système électrique (production, transport, distribution, et consommation), et regroupant onze cas d’usage.

Alors que les segments transport et distribution d’électricité ont déjà atteint une certaine maturité, notamment avec le déploiement des compteurs communicants Linky, le segment consommation affiche une croissance soutenue et durable de 27% par an en moyenne, portée essentiellement par le développement de la mobilité électrique.

L’installation de bornes de recharge intelligentes liée à l’augmentation exponentielle des véhicules électriques devrait en effet connaître une envolée de +61% par an, passant de 21 M€ en 2020 à 2,5 Md€ en 2030.

Le segment production, recouvrant le stockage, la flexibilité des moyens de production et le pilotage et l’intégration des énergies renouvelables, devrait également progresser fortement (+23%/an), passant de 241 M€ à 1,9 Md€ en 2030.

Record de raccordements pour l’autoconsommation photovoltaïque

La France a raccordé 572 MW photovoltaïques au troisième trimestre 2022. La filière pourrait terminer l’année autour de 2 GW raccordés.

Par rapport au 2e trimestre, ce 3e trimestre est marqué par une très forte hausse du segment « autoconsommation » (totale ou partielle), avec presque 25 000 installations raccordées, ce qui constitue un record absolu, ainsi que par une très forte hausse du segment des installations domestiques.